Un volcán dormido en el corazon de Africa

lunes, 12 de enero de 2004

El valor del nombre


Por Jean de Dieu Tagne, desde Camerún.
(Original en francés, traducido al castellano por el autor del blog)

El valor del nombre en los Bamileke


Mi pueblo está asistiendo impotente a un fenómeno degradante: la atribución de nombres fantasiosos a los niños. Desde los años de colonización, hemos comenzado a dar a los niños, además de su nombre personal, otro extranjero (generalmente del país colonizador). Los misioneros han participado en esta práctica ya que, según ellos, cada uno habría de tener un nombre cristiano en su bautizo. Pero siendo escasos los nombres cristianos africanos, habría que tomarlos de nombres de santos, del país del misionero. A veces él mismo elegía por sí mismo un nombre al bautizar...
Hoy día, el nombre ya no es impuesto por un colono o un misionero, sino por la publicidad. A poco que un telefilm brasileño tenga éxito en la televisión, una oleada de nuevos nombres ve el día. A poco que un actor o futbolista tenga cierta fama, en seguida aparece en el nombre de los niños. Hay una irrefrenable persecución de nombres insólitos, de manera que se acaba por llamar al hijo cualquier cosa. Esto ocurre sobre todo cuando se eligen nombres en un idioma que no se conoce bien.
Todo esto se ha convertido en un rompecabezas para los abuelos e incluso para los jóvenes que no tienen acceso a los circuitos publicitarios. Estos no llegan a usar el nombre del niño; prefieren guardar silencio o bien pronuncian el nombre, francés o inglés, como les suena en Ghomala (lengua de muchos variantes de los bamilekes), lo cual crea contrasentidos tremendos.
Y sin embargo, cada nombre en nuestra tradición es portador de un significado particular y profundo: un acontecimiento familiar, un proyecto, un pacto, un agradecimiento a Dios por dar vida, etc. Los nombres no se heredan de padre a hijo, sino que pasar el nombre de una persona a otra es significado de relación: se recibe el nombre del abuelo, del padre, de amigos importantes, o los gemelos reciben el del jefe del pueblo. Tal vez esta apertura es la que ha permitido la invasión de nombres extranjeros en nuestros pueblos.
Volviendo al valor del significado del nombre, tomemos mi nombre como ejemplo para entender mejor el fenómeno. Mi nombre es TA NYE, los colonos franceses lo han trascrito mal, escribiendo TAGNE.
Origen: No es el nombre de mi padre, sino de mi tío paternal. Es un testimonio de la buena relación que había entre mi padre y su hermano en mi nacimiento. Me han dicho que por este nombre, mi tío ha ayudado a mis padres a ocuparse de mí durante mi infancia. Al crecer, él me llamaba su homónimo y había entre nosotros una relación especial de afecto.
Significado TA NYE tiene dos significados:
El más corriente es padre de gemelos. Cuando una pareja da a luz gemelos, el padre toma el nombre TA NYE y la madre MA NYE, madre de gemelos. Los gemelos son llamados PO MNYE (M y P son marcas de plural). Un gemelo solo es llamado MU NYE. Este nombre forma parte de los nombres de Dios. Como el hecho de tener gemelos es un privilegio sublime, se pueden dar a ciertos niños el nombre de TA NYE como deseo de tener gemelos en el linaje. Sin embargo, la transmisión de TA NYE fuera del caso del nacimiento de gemelos (como mi caso), se debe más bien a una red de relaciones.
El otro significado de TA NYE es un título que se atribuye a un notable que encabeza a los miembros del NYE, de forma que en este sentido es llamado el padre del NYE. El NYE es una danza sagrada de mi pueblo. Es una danza que solo los hombres la ejecutan, las mujeres y los niños no pueden participar. Generalmente tiene lugar por la noche, en un lugar debidamente preparado donde sólo los iniciados pueden acceder. Personalmente, yo nunca he entrado porque no estoy iniciado aún.
De manera muy resumida, en esto consiste el fenómeno del nombre en mi cultura. A pesar de las mutaciones actuales, muchos hombres cultos tratan de devolver al nombre su verdadero valor y su sentido cultural en mi pueblo.


La valeur du nom chez les Bamiléké


Mon peuple est en train d’assister impuissant à un phénomène dégradant : celui de l’attribution fantaisiste du prénom à l’enfant. Depuis les années de la colonisation, nous avons connu le fait de donner à l’enfant en plus de son nom personnel, un nom étranger ( généralement du pays du colon). Les missionnaires ont contribué à cette pratique puisque, selon eux, il fallait que chacun reçoive un nom chrétien à son baptême. Mais les noms chrétiens africains étant rares, il fallait importer les noms des saints, du pays du missionnaire. Parfois, lui même en baptisant choisissait un nom pour chacun...
Aujourd’hui, le nom n’est plus imposé par un colon ou par un missionnaire, mais par la publicité. Pour peux qu’une série brésilienne passe avec succès à la télévision, une vague nouvelle de prénom voit le jour. Pour peu qu’un acteur de film ou un footballeur ait quelques exploits, il prend le dessus sur les prénoms des enfants. Il y a une course effrénée au prénoms rares, de telle manière qu’on finisse par appeler l’enfant n’importe quoi. Ceci arrive surtout quand on veut choisir les noms dans les langues que l’on ne maîtrise pas. Tout ceci devient un casse-tête pour les grands parents et même pour les jeunes qui n’ont pas accès aux circuits de la publicité. Ces derniers n’arrivent plus à utilisé le prénom de l’enfant ; ils préfèrent garder silence quand il est demandé ou alors ils prononcent un nom français ou anglais en Ghomala (langue à plusieurs variantes parlée par les Bamiléké), ce qui donne souvent des contre sens terribles.
Et pourtant, chaque nom chez nous est porteur d’une signification particulière et profonde : un évènement familial, un projet, un pacte, une action de grâce à Dieu donner de la vie etc. Les noms ne passent pas nécessairement de père à fils ; le passage du nom d’une personne à un autre signifie une relation : les grands parents sont nommés, les parents, les amis importants, les chefs de village pour les jumeaux etc. C’est peut-être cette ouverture que a permis l’invasion des noms étrangers dans nos village.
Revenant à la valeur significative du nom, prenons mon nom comme exemple pour mieux saisir le phénomène. Mon nom c’est TA NYE, les colons français l’ont mal transcris en l’écrivant TAGNE.
Origine : Ce n’est pas le nom de mon père, c’est plutôt le nom de mon oncle paternel. Ceci témoigne de la bonne relation qu’il y avait entre mon père et son frère à ma naissance. On m’a raconté que pour ce nom, mon oncle a assisté mes parents à me prendre en charge pendant mon enfance. Grandissant, il m’appelait son homonyme et une relation spéciale d’affection existait entre nous.
Signification : TA NYE a deux significations :
La plus courante est le père des jumeaux. Quand un couple met au monde des jumeaux, le monsieur prend le nom de TA NYE et la dame prend le nom de MA NYE, mère des jumeaux. Les jumeaux sont appelés PO MNYE ( M et P sont quelques marques du pluriel). Un seul jumeau est appelé MU NYE. Ce nom fait partie des « prénoms de Dieu ». Puisque le fait d’avoir les jumeaux est un sublime privilège chez nous, on pourrait donner à certains enfants le nom de TA NYE par souhait d’avoir les jumeaux dans la lignée. Cependant, il demeure que la transmission de TA NYE, hors du cadre de la naissance des jumeaux (comme mon cas), renvoie plutôt à un réseau de relations.
L’autre signification de TA NYE est un titre que l’on attribue à un notable que regroupe chez lui les membres du NYE. Dans ce sens il est le père du NYE. Le NYE est une danse sacrée dans mon village. C’est une danse que seuls les hommes exécutent. Les femmes et les enfants ne peuvent pas y participer. Généralement, elle s’effectue dans la nuit, dans un enclos dûment préparés où seuls les initiés peuvent enter. Personnellement, je n’y suis pas encore entré puisque je ne suis pas encore initié.
Voilà de façon très sommaire, comment le phénomène du nom se passe dans ma culture. Malgré les mutations actuelles, bien d’hommes de culture, cherchent à redonner au nom sa vrai valeur et son sens culturel dans mon peuple.

1 comentario:

Ema Pires dijo...

Je crois qu'il faudrait que les africains revendiquent un peu plus leurs racines et commencent à donner à leurs enfants des noms africains, qui sont très beaux. J'en ai un qui me vient à la mémoire, par exemple: Seshat (reine des étoiles), quoi de plus beau?