Un volcán dormido en el corazon de Africa

viernes, 13 de febrero de 2004

Amistad


Por Jean de Dieu Tagne, desde Camerún.
(Original en francés, traducido al castellano por el autor del blog)

¡Africa negra necesita amigos y no amos!


Igual que es difícil para aquel que está harto comprender a aquel que tiene hambre, es difícil para aquel que humilla conocer el peso de la humillación que sufre el otro. Yo soy africano y orgulloso de serlo. Sé que mi pueblo ha sido vencido y que estamos bajo la opresión. Sé que llegará el día en que mi pueblo conocerá la gloria. Sé y siento que estamos en crecimiento, aunque estemos aún ahogados.
Pero yo sufro la humillación que lleva mi pueblo. Sufro con mi pueblo de la instrumentalización de la que somos objeto. Hago el esfuerzo de recibir información sobre el tema de Africa y del mundo, para ello escucho las radios (Crtv de mi país, RFI, BBC y a veces Radio Exterior de España) veo la televisión (Canal+, TV5 Afrique, Euronews, CNN, etc.) y visito páginas web. Y todo ello me hace sufrir mucho. La mayoría de las veces se habla de un Africa que yo desconozco, de un Africa que da miedo, en resumen, de un Africa que es como ese enfermo que siempre necesita de cuidados de su médico.
A veces es como si se usaran las miserias de Africa para calmar a la populación occidental. Cuando se toma una decisión en occidente que puede preocupar a las masas, se pone cuidado en recordar que hay personas (en Africa) que llevan una situación bien peor. Cuando oigo hablar del SIDA, se dan rápidamente las estadísticas y se precisa bien 70 u 80% en Africa. Cuando se habla de mortalidad infantil, de paludismo y otras miserias, se apresuran a mostrar la difusión de estos males en Africa, como para indicar a la populación occidental que los problemas son más bien de otros que suyos. El año pasado, cuando la neumonía atípica mataba por todas partes, los periodistas hacían alusión a su ausencia en Africa como si fuera una falta. Se diría que Africa perdía por no tener la neumonía atípica.
Todo ello me hace daño y me pregunto si de verdad Africa tiene amigos. ¿Es que alguien quiere saber la verdad sobre Africa y colaborar con ella? En Francia estos días, muchos se han manifestado por la anulación del proyecto de ley por el velo islámico y los signos religiosos en lugares públicos. ¿Cuántos en el mundo se manifiestan contra las mentiras que se dicen sobre Africa? Sé que hay personas que habiendo comprendido el problema de Africa, se dedican con todas sus fuerzas a ayudar. ¿No se podrían organizaren grupos para galvanizar a las masas y hacer de las mentiras y la explotación una preocupación en Occidente? Mientras que las elecciones llegan aquí, pregunten a sus dirigentes a cuánto se compra las materias primas de Africa y a cuánto se les vende a los africanos los productos de primera necesidad. he trabajado duramente con mi padre y mis hermanos en plantaciones de café pero nunca hemos tenido el lujo de comprarnos un bote de café manufacturado. De hacerlo, tendríamos que carecer de aceite para la cocina o de cuadernos para la escuela…
Me parece que la solución a los problemas de Africa se encuentra, no en la publicidad de la miseria, sino en los lazos de amistad verdadera donde se nos trate no como un niño eterno, sino como un igual. Para ello el camino aún es muy largo. Que yo sepa no hay una reunión seria en la capital de mi país sin que haya un experto occidental. Créanme, para un proyecto de desarrollo, este experto no viene como colaborador sino como amo. ¡Vean su salario en proporción con el de su colega africano !. A veces los expertos regresan con la mitad de la financiación de sus proyectos. En Africa no necesitamos de ese tipo de expertos sino de amigos. Gente con la que se pueda dialogar de verdad y colaborar.
Si tomo mi caso, yo he tenido la posibilidad de colaborar con occidentales y cada vez siento que tengo que hacer un esfuerzo para no considerarles como amos sino como colaboradores. El complejo de superioridad de los blancos está tan desarrollado que uno no se puede deshacer de él fácilmente. Yo me he tomado el tiempo de aprender idiomas: ghomala’, francés, inglés, alemán, español, lamso’. Sé algo de latín, griego y hebreo. recibo actualmente clases de italiano. He hecho una iniciación a la filosofía en inglés y ahora estudio teología en francés. Pero cuando trato con la mayoría de occidentales, ellos me miran siempre con una condescendencia que significa simplemente tú no eres nada. Y sin embargo, sin el color negro de mi piel, yo sería experto en algún lugar. A pesar de todo estoy muy abierto a colaboración. Aprovecho aquí para agradecer a Juan Méndez Gassó y así a todos los lectores de Manengumba, que pueden colaborar y crear verdadera amistad con los africanos.


L’Afrique noire a besoin d’amis, non plus de maître !


De même qu’il est difficile pour celui qui est rassasié de comprendre que l’autre a faim, il est difficile pour celui qui humilie de savoir le poids de l’humiliation que l’autre subit. Je suis africain et fier de l’être. Je sais que mon peuple a été vaincu et que nous sommes sous l’oppression. Je sais qu’un jour viendra où mon peuple reconnaîtra la gloire. Je sais et je sens que nous sommes en croissance, même si nous sommes toujours étouffés.
Mais je souffre de l’humiliation que connaît mon peuple. Je souffre avec mon peuple de l’instrumentalisation dont nous sommes l’objet. Je fais un effort de recevoir l’information au sujet de l’Afrique et du monde ; pour cela, j’écoute les radios ( Crtv de mon pays, RFI, BBC et parfois Radio exterior de España) je regarde la télévision ( Canal+, TV 5 Afrique, EuroNews, CNN etc), et je visite des sites web. Et tout cela me fait souffrir beaucoup. La plupart de temps, on parle d’une Afrique que je ne connais pas, d’une Afrique qui fait peur, bref d’une Afrique qui est ce genre de grand malade qui a toujours besoin des soins du médecin.
Parfois c’est comme si on utilisait les « misères »l’Afrique pour calmer les populations occidentales. Quand on prend une décision en Occident qui peut inquiéter les masses, on fait l’effort pour rappeler qu’il y a des personnes (l’Afrique), qui connaissent une situation bien pire. Quand j’entends parler de SIDA, on donne rapidement les statistiques et on précise 70 ou 80% en Afrique. Quand on parle de la mortalité infantile, du paludisme et autres misères, on s’empresse à montrer l’ampleur en Afrique, comme pour indiquer à la population occidentale que le problème est plus celui des autres que le leur. L’année dernière, quand le pneumonie atypique tuait partout ailleurs, les journalistes faisaient allusion à son absence en Afrique comme si c’était un manque. On pouvait croire que l’Afrique perdait à ne pas avoir la pneumonie atypique.
Tout cela me fait mal et je me demande est-ce l’Afrique a vraiment des amis ? Est-ce que des gens veulent savoir la vérité sur l’Afrique et collaborer avec elle ? En France ces derniers jours, beaucoup ont marché pour l’annulation du projet de loi contre le port du voile islamique et des signes religieux dans les lieux publics. Combien dans le monde marchent-ils contre les mensonges qu’on porte à l’Afrique ? Je sais qu’il y a des individus qui ayant compris le problème de l’Afrique, se battent de toutes leurs forces pour aider. Ne peuvent-ils pas s’organiser en groupes pour galvaniser les foules et faire des mensonges et de l’exploitation de l’Afrique une préoccupation de masses en Occident ? Pendant que les élections arrivent chez vous, demandez à vos dirigeants combien on achète les matières premières de l’Afrique et combien on vent aux Africains les produits de première nécessité. J’ai travaillé durement avec mon père et mes frères dans les plantations de café mais nous n’avions jamais le luxe de nous acheter une boite de café manufacturé. Si on le faisait, on devait certainement ne plus avoir d’huile pour la cuisine ou ne pas avoir les cahiers pour l’école…
Il me semble que la solution aux problèmes de l’Afrique se trouve, non pas dans la publicité de la misère, mais dans des liens d’amitié vrais où l’autre est traité non pas comme un éternel enfant, mais comme un égal. A ce sujet, le chemin est encore très long. A ma connaissance, il n’y a pas de réunion sérieuse dans la capitale de mon pays sans qu’il n y ait un « expert » occidental. Croyez-moi, pour un projet au développement, cet expert ne vient pas en collaborateur, mais en maître. Allez y voir son salaire par rapport à son collègue africain ! Parfois, les experts rentrent avec presque la moitié du financement de leurs projets. Nous avons besoin en Afrique, non pas de ce genre d’experts, mais des amis. Des gens avec qui on peut dialoguer en vérité et collaborer.
Si je prends mon cas, j’ai eu la possibilité de collaborer avec des occidentaux et chaque fois, je sens qu’il me faut faire de efforts pour considérer l’autre en face de moi non comme un maître mais comme un collaborateur. Le complexe de la supériorité des blancs est si développé chez nous au point où l’on ne se débarrasse plus facilement. J’ai pris le temps d’apprendre les langues : Ghomala’, Français, Anglais, Allemand, Español, Lamso’. J’ai quelques connaissances en Latin, Grec et en Hébreu, je reçois actuellement les cours d’Italien. J’ai fait une initiation à la philosophie en Anglais et maintenant j’étudie la théologie en Français. Mais quand je traite avec la plupart des occidentaux, ils me regardent toujours avec une condescendance qui signifie tout simplement « tu n’es encore rien ». Et pourtant, sans la couleur noire de ma peau, je serais expert quelque part. Malgré tout, je suis bien ouvert à la collaboration. Je profite ici pour remercier mon ami Juan Mendez Gasso et pour dire à tout le lecteurs de Manengumba, qu’ils peuvent collaborer et créer de vraies amitiés avec des Africains.

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