Origen de los bamileke

Por Jean de Dieu Tagne, desde Camerún.
(Original en francés, traducido al castellano por el autor del blog)

¿Quiénes son en realidad los Bamileke?

Para un bamileke de la aldea, la pregunta de su origen no le crea gran problema. Pero se encuentra conectado a sus antepasados. Para responder a nuestra cuestión inicial, vamos a hojear algunos libros. Tengo en las manos un viejo libro de historia que, desgraciadamente, no tiene más referencia bibliográfica. Tengo también el Diccionario de la Negritud de Mongo Beti y Odile Tobner, publicado en Harmattan. ¿Qué dicen ellos de los bamileke?
No se conoce el origen exacto de los bamilekes. Sin embargo, siempre se ha pensado que son descendientes de los Tikar. Tampoco se conoce el origen exacto de los Tikar, provendrían del norte de Camerún.
Se sabe dónde se encuentran los bamilekes actualmente, cómo están organizados, cuáles son sus creencias, lo que han sufrido y siguen sufriendo durante la construcción de la República de Camerún.
El país Bamileke está situado en Camerún Oeste, una de las más bellas regiones de Camerún. Es un país de colinas, montañas, horizontes sin fin. Aquí ya no hay selva, todo es montaña, prados, sabana. Un clima suave y una tierra volcánica que han atraído a todas las tribus de los alrededores.
La sociedad bamileke se compone de numerosas aldeas independientes unas de otras. Hay un jefe a la cabeza de cada pueblo. La vida política y social gira en torno al jefe, asistido de sus notables.
Los bamileke han creado una civilización que es una de las más originales de Africa, por su vida muy organizada, por su religión y por su arte. Creen en un dios único llamado SI y veneran a los antepasados. Se les deben ritos precisos fijados por la tradición. La cultura bamileke está sobre todo representada por su arte. Los bamileke son excelentes artesanos (alfareros, talladores sobre madera). Sus máscaras y esculturas son muy célebres.
Los bamilekes son llamados los chinos de Africa, los judíos negros y también los bosnios. Para el sistema colonial francés, fueron un quebradero de cabeza a causa de su vitalidad y su espíritu emprendedor. Los bamileke se encuentran hoy en todas las grandes ciudades del país e incluso en el exterior, animando el pequeño comercio y la pequeña empresa. Están dotados de todas las virtudes que la tradición racista occidental niega a los negros: el amor al trabajo y al ahorro, el sentido de la disciplina y de la organización, la audacia creativa y la habilidad de realización.
No es excesivo hablar del milagro bamileke en el sentido como se ha hablado del milagro griego. Si Camerún se hubiera podido beneficiar de una vida política normal, eligiendo libremente a sus dirigentes, su desarrollo, estimulado por el genio creador bamileke, habría tenido un ritmo similar al de Corea del Sur y estaría en una fase comparable. Lo cual tendría que alegrar al pueblo camerunés, todas las etnias juntas. La persecución de los bamilekes tras la independencia de Camerún en 1960 hasta nuestros días está evidentemente en perjuicio de la populación y prueba que la soberanía del país está todavía contrapuesta por la sumisión de los indignos dirigentes a los intereses extranjeros.
Esta lectura que he hecho de dos libros diferentes de autores que no se han concertado reúne mi experiencia de los bamileke. Nemo est ludex causa sui !. La belleza de los extractos que acabo de presentar se encuentra en el hecho que los autores no son bamilekes y yo, el bamileke que los transcribe, me reconozco muy bien y vivo en mi carne la dificultad que conocen los bamileke. Espero que las presiones físicas y psicológicas no destruyan en mi pueblo el sentido de la vida.

Qui sont en fait les Bamiléké ?

A un Bamiléké du village, la question de son origine ne lui fait pas grand problème. Mais, il est attaché à ses ancêtres. Pour répondre à notre question initiale, nous allons fouiller quelques livres. J’ai sous la main un vieux livre d’histoire qui n’a malheureusement plus de référence bibliographique. J’ai aussi le Dictionnaire de la Négritude de Mongo Beti et Odile Tobner, publié chez l’Harmattan. Que disent-ils des Bamiléké ?
On ne sait pas exactement l’origine des Bamiléké. Cependant, on a toujours cru qu’ils sont les descendants des Tikar. On ne sait pas aussi exactement l’origine des Tikar, ils seraient venus du Nord Cameroun ...
On sait où se trouvent les Bamiléké actuellement, comment ils sont organisés, quelle est leur croyance, ce qu’ils ont souffert et souffrent encore dans la construction de la république du Cameroun.
Le pays Bamiléké est situé à l’Ouest Cameroun, l’une des plus belles régions du Cameroun. C’est un pays de collines, de montagnes, d’horizons sans fin. Ici, plus de forêt, partout c’est la montagne, la prairie, la savane. Un climat doux et une terre volcanique ont attiré toutes les tribus des environs.
La société Bamiléké se compose de plusieurs villages indépendants les uns des autres. A la tête de chaque village se trouve un chef. La vie politique et sociale tourne autour du chef, assisté de ses notables.
Les Bamiléké ont créé une civilisation qui est l’une des plus originales en Afrique, par sa vie très organisée, par sa religion et par son art. Ils croient en un Dieu unique appelé SI et vénèrent les ancêtres. La manifestation la plus courante de cette vénération est la garde des crânes des ancêtres. On leur doit des rites précis fixés par la tradition. La culture bamiléké est surtout représentée par l’art. Les Bamiléké sont d’excellents artisans (potiers, sculpteurs sur bois). Leurs masques et leurs sculptures sont justement célèbres.
Les Bamiléké sont appelés les Chinois de l’Afrique, les Juifs noirs et aussi les Bosniaques. Pour le système colonial français, c’étaient des casse-têtes à cause de leur vitalité et de leur esprit d’entreprise. Les Bamiléké se trouvent aujourd’hui partout dans les grandes villes du pays et même à l’extérieur où ils animent le petit commerce et la petite entreprise. Ils sont dotés de toutes les vertus que la tradition raciste occidentale dénie aux nègres : l’amour du travail et de l’épargne, le sens de la discipline et de l’organisation, l’audace de la conception et l’habileté de la réalisation.
Il n’est pas excessif de parler d’un miracle Bamiléké dans le sens où l’on a parlé du miracle grec. Si le Cameroun avait pu bénéficier d’une vie politique normale, et choisissant librement ses dirigeants, par exemple, son développement, stimulé par le génie créateur bamiléké, aurait sans doute connu un rythme semblable à celui de la Corée du Sud et en serait à une phase comparable. Ce qui devait réjouir le peuple camerounais, toutes ethnies confondues. La poursuite de la persécution des Bamiléké après l’indépendance du Cameroun en 1960 et jusqu’à ce jour est évidemment dommageable aux populations, et témoigne que la souveraineté du pays est toujours contrecarrée par l’allégeance de dirigeants indignes aux intérêts étrangers.
Cette lecture que j’ai faite de deux livres différents dont les auteurs ne se sont pas concertés rejoint mon expérience de Bamiléké. « Nemo est Iudex causa sui ! » La beauté des extraits que je viens de présenter se trouve dans le fait que les auteurs ne sont pas Bamiléké et moi le Bamiléké qui les recopie, je me retrouve très bien et je vis dans ma chair la difficulté que connaissent le Bamiléké. Je formule le vœu que les pressions physiques et psychologiques ne détruisent pas en mon peuple ce sens de la vie.