Un volcán dormido en el corazon de Africa

miércoles, 4 de febrero de 2004

Jefes


Por Jean de Dieu Tagne, desde Camerún.
(Original en francés, traducido al castellano por el autor del blog)


La jefatura en los bamileke


Comienzo este artículo con una nota de alegría, ya que los Bandyún, mi pueblo, han encontrado a su nuevo jefe. En efecto, a primeros de diciembre, el jefe bandyún había "desaparecido", y eso que regresaba de Francia, después de seguir unos tratamientos médicos. (Para nosotros, un jefe no muere, sino que desaparece y se ponen a buscar al nuevo jefe). La desaparición del jefe había consternado a todo el pueblo. La búsqueda de un nuevo jefe ha llevado mucho tiempo por causa de ciertos conflictos de interés, por un lado y por otro, por la cuestión de la legitimidad de la tradición. Más claro: ciertos ricos del pueblo querían imponer un jefe manejable según su gusto; el poder administrativo había puesto una mirada vigilante en el postulante a jefe, por fin los notables bandyún han declarado que este era su dominio y ya no iban a soportar más indulgencias...
Así por esta situación he tenido una ocasión de hablar de la realidad de la jefatura en los bamilekes. Quisiera mostrar que a pesar de los más bárbaros empujes imperialistas, dos aspectos se mantienen y dan testimonio de la resistencia en mi pueblo: el poder tradicional de la jefatura y la religión. Esto se justifica por la presencia aún en nuestros días de jefaturas por una parte y por otra, el sincretismo que sufren las religiones abrahamánicas que muestran que mi pueblo ha sufrido la invasión sin rendirse.
Lo que ahora trataremos es el tema de la jefatura.
La tribu bamileke está organizada en pueblos, cada uno tiene su jefe. En un pueblo hay barrios y sub-jefaturas. El barrio está dirigido por un jefe de barrio y la sub-jefatura por un sub-jefe.
La jafatura central, aunque se transmite de manera hereditaria no es una monarquía dictatorial como muchos de los detractores de nuestras jefaturas quieren siempre presentar. Hay, por supuesto, un jefe (y su ayudante); él no gestiona el pueblo solo, sino que se rodea de un consejo de nueve notables, hay un ministro de interior y un ministro de exterior; en los barrios hay jueces.
Miremos más de cerca:
El jefe es normalmente el hijo del jefe difunto; tiene que ser un hijo concebido durante el periodo de iniciación del jefe (esto es para asegurar que el nuevo jefe es realmente del linaje de jefes). Tras la desaparición del jefe, el consejo de los nueve notables se sienta a decidir el "arresto" del nuevo jefe. Y es realmente un arresto ya que nadie se puede presentar como candidato a la jefatura, ni reclamar nada. En realidad no se elige ser jefe, sino que se es elegido. En el caso bandyún, por ejemplo, cuando los notables mandan arrestar al nuevo jefe, es el jefe Baleng quien le presenta en público (los banyún vienen de Baleng). Una vez que el jefe y su ayudante son arrestados, comienza el periodo de iniciación.
La iniciación es un momento principal en la vida de nuestros jefes, un individuo no se vuelve jefe de un día al otro, sino que aprende a ser jefe. Durante un periodo de nueve semanas el consejo de los nueve notables se organiza para enseñar a aquel que han elegido cómo debe ser jefe del pueblo. Ahí ocurre todo lo esencial de la transmisión de poder, no sólo para el presente jefe, sino para su sucesor. Sí, para su sucesor aún desconocido; es durante este periodo que debe ser concebido. Ya que para nosotros el régimen polígamo es legítimo, el nuevo jefe en su iniciación tiene relaciones con sus mujeres para buscar al futuro sucesor.
Tras este periodo de iniciación, el nuevo jefe puede comenzar a gobernar, siempre bajo la mirada de los nueve. No puede tomar una decisión importante para el pueblo, ya que su poder no lo toma de él mismo... (Continuará)
Nota: Aquí, en la práctica, tenemos dos administraciones paralelas: la del pueblo (tradicional) y la heredada de la colonización francesa (la prefectura, el ayuntamiento, los distritos), me parece que la primera es legítima y la segunda más bien legal. Y por causa de la segunda, la primera tiende a desaparcer.
Les doy un pequeño léxico de términos corrientes en la jefatura, para usar en el futuro las palabras que expresan la realidad: Fo = el jefe; Mkam vu'u=el consejo de los nueve notables; Kwui puu= ayudante de jefe; La'Kam=caseta de iniciación; Kwa la'=ministro; Kwa la' Ka=ministro del exterior; Kwa la sisi=ministro del interior.


La chefferie chez les Bamiléké


Je commence cet article avec une note de joie, parce que les Bandjoun, mon peuple, ont trouvé leur nouveau chef. En effet, au début du mois de décembre, le chef des Bandjoun avait «disparu », alors qu’il retournait de France pour des soins médicaux. [ Chez nous, le chef ne meurt pas, il disparaît et on se met à chercher le nouveau chef.] La disparition du chef avait laissé le village dans la consternation. La recherche du nouveau chef a pris beaucoup de temps à cause de certaines luttes d’intérêts d’une part, et du souci de la légitimité coutumière de l’autre. Au clair, certains riches du village voulaient imposer un chef maniable selon leurs goûts ; le pouvoir administratif avait aussi un regard vigilant sur le postulant à la chefferie, les notables Bandjoun ont fait connaître à tous que le domaine était le leur et ils ne pouvaient plus supporter des ingérences…
J’ai eu par cette situation, une raison de parler de la réalité de la chefferie chez les Bamiléké. Je voudrais noter que malgré les poussées impérialistes les plus barbares, deux aspects demeurent et témoignent de la résistance de mon peuple : le pouvoir traditionnel de la chefferie et la religion. Ceci se justifie par la présence encore aujourd’hui des chefferies d’une part, et d’autre part, le syncrétisme dont souffrent les religions abrahamiques montrent que mon peuple a subi l’invasion sans se renier. Ce qui nous intéresse aujourd’hui est la chefferie.
La tribu Bamiléké est organisée en villages, chaque village ayant son chef. Dans un village, il y a des quartiers et des sous-chefferies. Le quartier est dirigé par un chef de quartier et la sous-chefferie, par un sous-chef.
La chefferie centrale, bien que se transmettant de façon héréditaire, n’est pas une monarchie dictatoriale comme beaucoup de détracteurs de nos chefferies veulent toujours les présenter. Il y a bien sûr un chef (et son adjoint); il ne gère pas le village seul, mais il est entouré d’un conseil de neuf notables, il a un ministre de l’intérieur et un ministre de l’extérieur ; dans les quartiers, il y a les juges.
Regardons un peu de près :
Le chef est normalement le fils du défunt chef ; il doit être un fils conçu pendant la période d’initiation du chef – ceci c’est pour s’assurer que le nouveau chef est vraiment de la lignée des chefs -. Après la disparition du chef, le conseil des neuf notables siège pour décider de l’arrêt du nouveau chef. C’est vraiment un arrêt puisque personne ne peut se présenter comme candidat à la chefferie, ni réclamer que ce soit lui qui doit être chef. En clair, on ne choisit pas d’être chef, on est choisi chef. Pour le cas de Bandjoun par exemple, quand les notables arrêtent le nouveau chef, c’est le chef Baleng qui le présente au public.[Les Bandjoun viennent de Baleng]. Une fois le chef et son adjoint arrêtés, commence la période d’initiation.
L’initiation est un moment capital dans la vie de nos chefs, l’individu ne devient pas chef du jour au lendemain, il apprend à être chef. Pendant une période de neuf semaines, le conseil des neuf notables s’organise pour montrer à celui qu’ils ont choisi comment il doit être le chef du village. C’est là que se passe l’essentiel de la transmission du pouvoir, non seulement pour le présent chef, mais aussi pour son successeur. Oui, pour son successeur non encore connu ; c’est pendant cette période qu’il doit être conçu. Puisque le régime polygamique est légitime chez nous, le nouveau chef dans son initiation a des relations avec ses femmes pour chercher le futur chef après lui.
Après cette période d’initiation, le nouveau chef peut commencer à gouverner, toujours sous le regard du conseil des neuf. Il ne peut pas prendre seul une décision grave pour le village, puisqu’il ne tient pas son pouvoir de lui-même… A suivre ! ! ! NB : Nous avons deux administrations parallèles : celles du village et celle héritée de la colonisation française ( la préfecture, la mairie, les districts) ; il me semble que la première est légitime et la deuxième plutôt légale. Et pourtant à cause de la deuxième, la première tant à disparaître.
Nous allons donner un petit lexique des termes usuels de la chefferie, pour pouvoir dans le futur utiliser les mots qui expriment la réalité : Fo = le chef, Mkam vu’u = le conseil des neuf notables, Kwui puu = adjoint au chef, La’ Kam = Case d’initiation, Kwa la’ = ministre Kwa la’ Ka = ministre de l’extérieur, Kwa la sisi = ministre de l’intérieur.

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